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génération en génération, a fait de nous ce que nous ‘ sommes aujourd’hui. Cette dimension identitaire recèle une complexité vertigineuse, car elle nous renvoie à tous les aspects qui nous façonnent comme individus, à nos choix qui, la vie durant, nous dirigent dans une voie plutôt qu’une autre, construisant notre singularité, notre unicité. La peinture de Dina Podolsky évoque ces moments privilégiés, quand nous prenons le temps de remonter.., le temps. C’est un peu comme un grenier intérieur où seraient entreposés des objets de notre enfance et ceux des êtres chers, nos parents. grands-parents, amère-grands-parents... Sa peinture nous guide dans un espace temporel curieux par les vagues de réminiscences qui nous frappent sur tous les fronts. laissant émerger la nostalgie. la tristesse ou simplement le bonheur, mais un bonheur captif, conditionnel, qui nous plonge dans la définition de la présence; être et ne plus être...

A la vue des tableaux de Dina Podolsky, il me vient à l’esprit une curieuse analogie avec le film Blade Runner. réalisé par Ridley Scott en 1982. Ce n’est pas tant la facture des oeuvres de Podolsky. ni même leur esthétisme, qui fonde la comparaison. mais le propos: la quête d’identité, la volonté de trouver et de sauvegarder la trace filiale qui, de

Présent. technique mixte sur toile, 1989 182.9 x152.4 cm

Pourtant rien n’est vraiment triste dans la peinture  de Dina Podolsky, car l’artiste emprunte la voie de  l’anecdote iconographique. Elle raconte l’histoire  d’objets ayant appartenu à une autre époque, des  objets évocateurs de la vie quotidienne. Cette manière  d’aborder la mémoire confère à son langage une  dimension populaire, dans le sens que ce qui est  suggéré est reconnaissable de tous, accessible: une  symbolique du peuple, en quelque sorte. Cependant  ce peuple est d’abord celui de son enfance, alors  qu’elle vivait en Russie. Elle greffe d’ailleurs à presque  tous ses tableaux des écrits en langue slave, remémoration de la culture qui coule dans ses veines et  qui l’animera jusqu’à son dernier souffle. Dina Podolsky n’a pas besoin de recourir à la complexité pour s’exprimer. Souvent, l’espace pictural ne  contient qu’un ou quelques objets: bouteilles, chapeaux, poupées, seaux, disposés sur la surface en  respectant la nature intrinsèque de l’objet: s’il s’agit  d’une bouteille, par exemple, l’artiste «assoit» l’objet  comme s’il était posé sur une table, laquelle n’est  d’ailleurs pas représentée: on la devine. Si c’est un  chapeau, il flotte sur la surface. Sa manière de modeler la matière est l’un des aspects les plus intéressants  de son travail. Tactile, notre rapport avec son œuvre  est grandement amplifié par les textures qui morcellent  la surface du tableau. Cette facture singulière vient   

appuyer la notion temporelle, car elle a comme effet  de vieillir par ses craquelures et écailles simulées, tout  en conférant à l’ensemble une dimension sensible.  L’artiste trace autour du sujet un cadre qui renforce la  puissance de l’objet représenté et qui, lui aussi, nous  fait basculer dans une autre époque, dans un espace-temps tampon perdu entre le passé et le présent.  Les œuvres de Dina Podolsky font partie des  inclassables. Pas vraiment réalistes, ni naïves, ne se  réclamant pas franchement de l’art populaire sans  pour autant s’en dissocier complètement, elles sont  en somme tout cela à la fois. 

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